Résumé :
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Il arrive souvent que les médecins n'appliquent pas les recommandations de bonne pratique qui ont été largement diffusées, qu'ils connaissent et même approuvent. Parfois, ils le font à bon escient, estimant que la recommandation ne s'applique pas au patient qu'ils ont en face d'eux: il peut alors s'agir d'inaction appropriée dont ils peuvent donner une raison, qui est en général validée par leurs pairs. Mais parfois ce n'est pas le cas, et on parle d'inertie clinique. Ce phénomène, décrit récemment, semble mettre en échec l'evidence-based medicine (EBM). Le but de cet article est de proposer qu'il repose en partie sur une différence de logique: la logique purement rationnelle de l'EBM, et la pensée complexe des patients et des médecins, qui associe rationalité et irrationalité, cette dernière étant liée à la présence dans le fonctionnement mental des êtres humains de circuits rapides de raisonnement, appelés heuristiques, et d'émotions.
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