Résumé :
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Entre janvier 2012 et décembre 2014, le Belgian Obstetric Surveillance System a recensé 74 femmes victimes d’une crise d’éclampsie, dont 59 ont pu être incluses dans l’analyse. Sur cette base, la fréquence de l’éclampsie en Belgique, à savoir 1,6 cas (IC 95%: 1,2-2,1) pour 10.000 accouchements, est faible en comparaison avec celle observée aux Pays-Bas (5,4 cas pour 10.000 accouchements) et au Royaume-Uni (2,7 cas pour 10.000 accouchements). Cette différence peut probablement s’expliquer par l’organisation de la prise en charge prénatale en Belgique, où les soins prénatals chez le généraliste, la sage-femme ou le gynécologue sont très accessibles et où les femmes enceintes, quelle que soit la stratifi-cation du risque, sont suivies par un gynécologue, ce qui permet d’assurer la continuité des soins. La crise est survenue en milieu hospitalier pour 39 femmes (66%) et à domicile pour 18 (31%), et ce au cours de la période ante partum, per partum et post partum chez respectivement 36, 7 et 16 femmes. Du sulfate de magnésium a finalement été administré à 54 patientes (91,5%), dont 6 qui en avaient déjà reçu au préalable en guise de prophylaxie. 34 femmes (58%) ont également reçu un anticonvulsivant (dans la plupart des cas, du diazépam); chez 15 d’entre elles, il s’agit du traitement qui a été entamé en première intention au moment de la crise. 51femmes (86%) ont reçu des antihypertenseurs; parmi celles-ci, 12 prenaient déjà ce type de médicaments avant la crise. 43 patientes (73%) ont été admises aux soins intensifs; chez 19 d’entre elles, il était question, en plus de la crise éclamptique, d’une comorbidité sévère. Un décès maternel (taux de létalité : 1,7%), ainsi que 4 cas de mort fœtale et 1 cas de mort néonatale (taux de mortalité périnatale: 8,5%) ont été recensés. En Belgique, la prévention et la prise en charge de cette complication rare pourraient probablement encore être améliorées en utilisant davantage l’acide acétylsalicylique à partir du 1er trimestre et en administrant des antihy-pertenseurs et du sulfate de magnésium à visée prophylactique en temps plus opportun. Les généralistes et les médecins urgentistes devraient également être sensibilisés à l’emploi du sulfate de magnésium en première intention en cas de crise d’éclampsie. Une directive belge pourrait avoir un effet positif à cet égard.
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