Résumé :
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L’incidence et la prévalence du vapotage de cigarette électronique (e-cigarette) augmentent en Europe et aux États-Unis. L’e-cigarette est essentiellement utilisée comme aide au sevrage tabagique. Contrairement aux températures atteintes lors de la combustion dans la cigarette classique qui avoisinent les 900°C, le phénomène de vaporisation se fait entre 100°C et 250°C. Cette absence de combustion permet d’éviter la formation de goudrons et du monoxyde de carbone, qui sont les principaux facteurs de toxicité du tabagisme. Le processus de vaporisation pourrait cependant présenter une toxicité spécifique distincte de celle liée au tabagisme. L’aérosol d’e-cigarette est formé de nanoparticules hygrophiles et hyperosmolaires qui, une fois inhalées, pénètrent profondément dans l’arbre respiratoire. À cet endroit, ces molécules peuvent interagir avec le surfactant pulmonaire et perturber l’homéostasie locale. C’est dans ce contexte que sévit depuis 5 mois aux États-Unis une pneumopathie potentiellement mortelle spécifique du vapotage. Celle-ci se présente le plus souvent sous la forme d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë, associant des symptômes gastro-intestinaux et de la fièvre. À la date du 20 novembre 2019, 2.290 cas étaient recensés, dont 47 décès confirmés. Chez plus de 80% des patients atteints, des produits dérivés du cannabis (huile de tétrahydrocannabinol ou tétrahydrocannabinol de synthèse avec adjonction d’acétate de vitamine E) ont été mis en évidence. Il fait peu de doute que ces derniers produits causent cette pneumopathie spécifique, et il est donc fortement déconseillé de les vapoter. Dans des conditions classiques d’utilisation, l’e-cigarette ne doit cependant pas être écartée de la panoplie d’outils facilitant le sevrage tabagique. Dans cette indication elle semble d’ailleurs être plus efficace que les autres thérapies de remplacement de la nicotine.
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