Résumé :
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Qu'est-ce que l'Ancien Régime ? Cet ouvrage se propose de faire le point sur nos connaissances afin de mieux comprendre le fonctionnement de la société d'un régime monarchique français disparu. L'Ancien Régime est généralement défini par ce qu'il n'est pas, le monde qui précéda la Révolution, la liberté et l'égalité, un monde presque voué à disparaître sous l'influence libératrice de la raison des Lumières, un monde d'absolutisme et en même temps de privilèges. Un monde pétri de contradictions, en somme. Le sens des mots de l'époque, si on leur attribue notre définition moderne, donne le vertige. Comment peuvent coexister l'absolutisme royal et les privilèges, l'administration toute-puissante et les remontrances des parlements, les Lumières et le pouvoir du souverain, le rationalisme qu'on prête à la France et la multitude des statuts, l'exigence d'ancienneté de la noblesse et l'anoblissement au mérite ou à la fortune ? En outre, la Révolution n'a-t-elle pas définitivement aboli l'ordre ancien, reste-t-il quelque chose des anciennes institutions ? Les discours sur l'Ancien Régime sont trop souvent contradictoires ou vides de sens en raison du sens même que nous attribuons aux mots. Tout nous y encourage, à vrai dire, puisque la grammaire même, la réputation à l'étranger de notre langue et les travaux de tant de nos plus grands auteurs remontent à cette époque. Cette langue est bien la nôtre, que nous croyons parler couramment, à la différence, par exemple, de certains textes du Moyen Age. Cette proximité si naturelle, qui remonte sans doute à nos premières années d'études, nous induit pourtant souvent en erreur. Habitués que nous sommes à penser l'Ancien Régime avec nos définitions, nous nous condamnons souvent à le trouver incohérent, parce que nous ne savons pas prendre nos distances avec lui. Le Dictionnaire de l'Ancien Régime corrige notre propension à donner aux mots employés à l'époque leur sens moderne : il rétablit la distance qui seule permet l'analyse et la compréhension d'une époque dont nous percevons parfois l'originalité des institutions, mais rarement celle du langage.
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