Résumé :
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L’utilisation croissante de l’hormone thyroïdienne lévothyroxine en France, mise en évidence dans le documentaire français « Thyroïde, l’effet papillon », a incité à se pencher sur la situation en Belgique. Les données de facturation de la MC relatives à la lévothyroxine ont ainsi été analysées. La lévothyroxine est principalement utilisée lorsque la production d’hormone thyroïdienne est insuffisante (hypothyroïdie). L’hypothyroïdie est généralement due à un fonctionnement trop lent de la glande thyroïde. La lévothyroxine est également prescrite lorsque la glande thyroïde a été enlevée. Mais si la thyroïde est bloquée par des médicaments car elle fonctionne trop rapidement (hyperthyroïdie), de la lévothyroxine peut aussi être administrée. Cette étude se concentre sur l’usage de la lévothyroxine lorsque la thyroïde est trop peu active, avec une attention particulière pour les femmes enceintes et les personnes de plus de 65 ans. L’usage de ce médicament a plus que doublé au cours des deux dernières décennies. Dans 60,1% des cas, le traitement est institué par le médecin traitant. En 2018, 237.460 membres de la MC (5,1%) ont probablement été traités pour un fonctionnement trop lent de la glande thyroïde. Les utilisateurs de lévothyroxine qui ont subi une ablation (partielle) de la thyroïde ou qui prenaient également des médicaments pour l’hyperthyroïdie n’ont pas été retenus dans l’analyse (2,1% des utilisateurs). De grandes différences ont été constatées entre les régions. La prévalence de l’usage de l’hormone de synthèse en cas d’hypothyroïdie (non chirurgicale) en 2018 s’élève à 4,1% en Flandre, 5,3% à Bruxelles et 9% en Wallonie. La province de Liège arrive en tête avec 12,3%. La prévalence est également plus élevée chez les membres bénéficiant de l’intervention majorée : 7,4% vs 4,7%. La cause de cette hausse est multifactorielle et ne peut être entièrement expliquée. Nous avons constaté une augmentation du nombre de tests de la thyroïde : 42% des membres de la MC ont passé un test en 2018 contre 26,7% en 2001. Parmi les bénéficiaires de l’intervention majorée, ce chiffre s’élève même à 50,9% en 2018. Nous observons également une augmentation des traitements chez les femmes enceintes et chez les personnes âgées. C’est parmi nos membres de plus de 80 ans que la prévalence a le plus augmenté : de 4,3% en 2001 à 11,2% en 2018. Les effets indésirables non négligeables sur le cœur et le squelette sont un point d’attention lorsque le traitement est entamé dans ce groupe plus âgé. En outre, cette étude renforce la suspicion que de plus en plus de traitements sont mis en place pour l’hypothyroïdie légère ou subclinique. Dans ce dernier cas, le diagnostic est basé sur les résultats de laboratoire mais il n’y a pas de symptômes et le traitement n’est alors indiqué que dans certaines situations. Nous observons en effet une hausse de l’utilisation de la plus faible dose disponible (25 μg) : si elle représentait 8,1% des doses en 2001, son pourcentage était de 10,9% en 2018. L’idée sous-jacente est que pour une hypothyroïdie subclinique, peu d’hormones thyroïdiennes sont nécessaires pour corriger les valeurs sanguines.
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