Résumé :
|
Début 2020, trois médecins ont été jugés en cour d’assises en raison de leur implication dans l’euthanasie d’une femme souffrant de troubles psychiatriques. Ce fut un procès exceptionnel et jamais vu dans notre pays. L’euthanasie en cas de souffrance mentale due à un trouble psychiatrique est un problème particulièrement complexe et délicat. Il est établi que la loi belge sur l’euthanasie (2002) autorise l’euthanasie chez les patients psychiatriques (bien que contestée par certains), sous réserve du respect d’un certain nombre de conditions. Comme la loi contient des ambiguïtés et des imprécisions, des lignes directrices ont été élaborées par l’Association flamande de psychiatrie (2017) et l’Ordre des médecins (2019). En raison d’une anomalie dans la loi sur l’euthanasie, la violation d’une condition légale (essentielle ou procédurale) peut entraîner des poursuites pénales pour empoisonnement à l’encontre des médecins impliqués. Par rapport à d’autres pays, la Belgique possède un régime d’euthanasie libéral, mais elle n’est pas la seule dans ce cas. Si nous examinons les chiffres des cas d’euthanasie enregistrés dans notre pays, nous constatons que l’euthanasie est peu pratiquée dans le cadre d’une souffrance mentale due à un trouble psychiatrique par rapport à l’euthanasie pour des pathologies somatiques (moins de 2% du nombre total). L’euthanasie chez les patients psychiatriques est également une question controversée sur le plan éthique. Ceux qui pensent que les patients psychiatriques n’ont jamais été complètement traités considèrent l’application de l’euthanasie à ces patients comme un échec des soins. Pour d’autres, l’euthanasie peut être une alternative humaine au suicide lorsqu’il n’y a vraiment plus aucune perspective de guérison. Une réflexion éthique approfondie est alors nécessaire. Les trois médecins jugés pour empoisonnement ont tous été acquittés par le jury populaire pour diverses raisons. L’ impact de ce procès lié à l’euthanasie s’étendra sans doute au-delà des médecins acquittés et de la famille de la patiente. Il pourrait avoir une incidence sur la pratique de l’euthanasie et la législation sur l’euthanasie. Le procès a également montré clairement que notre pays doit investir encore davantage dans les soins de santé mentale : nous voulons avant tout éviter que les gens ne veuillent mourir prématurément. Par le biais de la guérison ou du traitement, si possible, sinon en se concentrant sur les « soins crustatifs » (« soins coquille ») : un cadre de soins palliatifs dans lequel les personnes se sentent en sécurité.
|