Résumé :
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"Deuxième dilemme : celui concernant le choix du traitement proposé. L’affaire du professeur Raoult a été, durant toute la période de crise, une saga aux multiples rebondissements. Le débat peut se résumer ainsi : en situation d’urgence, et en l’absence de traitement connu, peut-on administrer un médicament présenté comme prometteur dans des conditions très précises, peu cher, mais dont l’efficacité n’est pas démontrée selon les standards scientifiques (en étude randomisée, en double aveugle) ? Dans le cas présent, ce débat estparasité par des enjeux financiers colossaux : les firmes pharmaceutiques ont tout intérêt à disqualifier les thérapies du professeur Raoult, pour pouvoir rentabiliser les nouveaux traitements qu’elles mettront tôt ou tard sur le marché. Mais ce problème majeur mis à part, le débat éthique est bien réel : en situation d’urgence, que choisir entre donner une chance aux patients en courant, certes, un risque, ou refuser de donner cette chance en attendant d’avoir des certitudes ? Derrière ce dilemme, se cache un autre enjeu fondamental : celui de la liberté thérapeutique du médecin et de la liberté des patients d’opter pour les soins qu’ils souhaitent recevoir en connaissance de cause. Lorsque les autorités imposent une obligation ou une interdiction franche en matière de traitement, se pose alors la question de la désobéissance. Le professionnel se retrouve ainsi devant un nouveau choix : la liberté thérapeutique (et le respect du serment d’Hippocrate qui ordonne de donner les meilleurs soins possibles) au profit de son patient ou la sécurité juridique au détriment du malade ?" (extrait de l'éditorial)
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