Résumé :
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Le but de cet article est de présenter l’évolution de la durée de séjour en maternité à l’aide des données de la MC, pour la période 2010 à 2019. Nous mesurons cette durée en calculant le nombre de jours entre la date de sortie de la maternité et la date d’accouchement. Globalement, la tendance générale est à la baisse : on passe d’une durée moyenne de 4,4 jours en 2010 à 2,8 jours en 2019. En 10 ans, la durée moyenne a donc diminué de plus d’un tiers. Bien sûr, le type d’accouchement a une influence sur la durée de séjour : • par voie basse, la durée de séjour passe de 4,0 jours en 2010 à 2,4 jours en 2019 (soit 41% de diminution) ; • par césarienne, la diminution est moins rapide : on passe de 5,7 jours (en 2010) à 4,3 jours en 2019 (une diminution de 25%). [...] cette diminution se traduit concrètement par un glissement progressif des séjours vers des durées courtes. Globalement, on voit que la proportion des mamans ne séjournant qu’un ou deux jours en maternité passe de 6% en 2010 à 19% en 2019. Par contre, la proportion de longs séjours (6 jours et plus), diminue de 15% à 2%. Plus étonnant est le fait que les mamans bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) qui restent deux jours maximum à la maternité sont proportionnellement deux fois plus importantes que les mamans qui ne bénéficient pas de l’intervention majorée (non BIM) (sur toute la période d’observation, peu importe le type d’accouchement). En d’autres termes, les mamans BIM passent moins de temps à la maternité après l’accouchement que les mamans non BIM. La durée de séjour en maternité suscite bien des débats et des réactions (souvent négatives). En raccourcissant la durée de séjour, ne prend-on pas le risque de voir revenir à l’hôpital ou la maman ou le bébé ? Lorsqu’en 2015 une diminution du séjour en maternité d’une demi-journée a été imposée, le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a bien rappelé qu’un séjour écourté doit s’accompagner d’un suivi postnatal (intégrant une vision globale et coordonnée des soins à délivrer). À ce sujet, les données de la MC montrent qu’on a fait bien des progrès, surtout du côté des sages-femmes. Mais on observe aussi que persiste un risque de suivi insuffisant. De sorte qu’au final, nous constatons paradoxalement que, malgré une activité conséquente des prestataires, le suivi postnatal systématique n’est toujours pas garanti, tant pour la maman que pour le bébé. Si la tendance est bien d’aller vers des séjours de courte durée, ce qu’on observe également dans d’autres pays européens (notamment scandinaves), un retour précoce à la maison n’est pas forcément souhaitable pour tout le monde. L’état de santé de la mère et de l’enfant, ainsi que la capacité de la famille de s’occuper du nouveau-né à la maison doivent être évalués pour déterminer la date de sortie de l’hôpital. De ce point de vue, le fait que, dans notre pays, les mamans moins favorisées restent moins longtemps en maternité est interpellant.
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