Note générale :
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Cartonné
Après Nabil, paru il y a deux ans, Rue du Monde, qui fête cette année ses 10 ans d’existence, propose de nouveau un magnifique ouvrage signé Gabrielle Vincent. Car cette grande dame de l’illustration contemporaine, n’était pas seulement la créatrice d’Ernest et Célestine, elle était aussi une extraordinaire dessinatrice. On se rappelle La petite marionnette, magnifique album, ou l’émouvant ouvrage sur La naissance de Célestine. Ici encore, Gabrielle Vincent sait faire preuve de sobriété pour donner au lecteur (ou au spectateur) une émotion intense. Voici une série de dessins à la mine de plomb, noir et blanc, qui, avec peu de mots, disent tout à la fois les choix d’une vie, l’envie d’être artiste, les rencontres essentielles. Par son trait, par les attitudes de ses personnages, Gabrielle Vincent sait avec exactitude saisir les moments forts, les points de ruptures et au final, conter une amitié nécessaire. Ce violoniste, professeur de quartier, est hanté par le mépris de son père, qui lui reproche de ne pas être un grand virtuose. Un enfant à la fenêtre (sorte de double) regarde tout à la fois son désespoir et sa passion de la musique. Bientôt ce seront tous les gens de la rue qui l'écoutera et le violoniste, persuadé que son travail peut aussi faire du bien, saura passer le relais et transmettre sa passion. Il y aurait assurément beaucoup à dire sur cet album sensible (le rôle de la fenêtre, le dedans et le dehors, la lumière, la rue, l’ouverture). Ce que nous pouvons retenir, avant tout, c’est l’émotion, tout autant que l’enthousiasme, qu’il nous donne. Un album unique.
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