Titre : | L'enfant agité (2010) |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Confluences (N°23, Décembre 2009) |
Article en page(s) : | p. 13-48 |
Langues: | Français |
Sujets : |
Paramédical (MeSH) Agitation psychomotrice ; Comportement ; Enfant ; Établissements scolaires ; Hypercinese ; Hypercinésie ; Mass-médias ; Parents ; Pédopsychiatrie ; Placebo ; Psychiatrie ; Psychothérapie ; Santé mentale ; Stress psychologique ; Thérapeutique ; Troubles du comportement perturbateur et de déficit de l'attention ; Troubles psychotiques |
Résumé : |
Aborder la question de "l'enfant agité" n'est pas une mince affaire tant ce double concept : de l'enfance et de l'agitation amène bien des questions.
Qu'est-ce qu'un enfant agité ? Y-a-t-il seulement un consensus sur lequel s'entendre et au départ duquel ouvrir le débat, sur ce qui pose aujourd'hui potentiellement problème à "l'enfant agité" (et/ou son entourage) dans le cadre de son développement et de son bien être ? En filigrane de cette question, s'en profile une autre : Quelle place occupe dans ce cadre ce que l'on appelle communément aujourd'hui le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) ou encore l'hyperkinésie sans toujours savoir s'il y a lieu de distinguer l'un de l'autre ? Cette question est "d'actualité" à plus d'un titre. Elle s'appuie sur la réflexion de professionnels de la santé témoins de l'augmentation du nombre de demandes de consultation pour des enfants auto-diagnostiqués par leur entourage d'hyperkinétiques. Sont-ils réellement plus nombreux ? Il semble que non. Entre 4 et 10% des enfants et des adolescents seraient, en Belgique, concernés par cette problématique ce qui ne rend bien sûr pas insignifiant ce pourcentage ! Que comprendre dès lors de cet emballement ? Quelle est cette difficulté voire cette souffrance dont les familles manifestent l'inquiétude ? Qu'est-ce qui relève du TDA/H, des troubles du développement, du comportement, de l'apprentissage ou d'autres problématiques ? Un autre constat pose question : celui de la spectaculaire augmentation de prescription de Rilatine. Celle-ci laisserait à penser qu'effectivement, de plus en plus d'enfants sont concernés. Si ce n'est pas le cas, y-a-t-il sur-médication ou une médication inappropriée dans un certain nombre de cas ? Comment s'y retrouver ? Faire la part des choses ? Les parents sont demandeurs de réponses claires qui leur permettent, en connaissance de cause, d'agir et de "frapper à la bonne porte" si besoin. Mais cela ne semble pas toujours être le cas, loin s'en faut. Nous entrouvrons, dans ce dossier, quatre portes qui sont autant de clés de lectures qui nous semblent intéressantes à aborder. Ce ne sont pas les seules bien sûr. La première se veut pratique. Elle se penche sur le concept de TDA/H. La seconde rend compte des questions qui se posent au terrain, quand on est "TDA/H", quand on est parent, enseignant, professionnel du secteur psycho-médico-social. De quoi a-t-on besoin ? Que demande-t-on ? Que trouve-t-on ? Quelles sont les impasses auxquelles on est confrontés ? Les zones d'ombres ? Les pistes à explorer ? Et puis il y a les pratiques, telles qu'elles se donnent à voir en ambulatoire, à domicile, en hôpital. Des témoignages illustrent qu'il n'y a pas une mais différents façons de faire. Ici aussi, cela soulève questions : y-a-t-il autant de "réponses" que de thérapeutes et dans quelles mesures ces réponses conviennent-elles aux consultants ? Enfin, dernière clé de lecture qui imprègne de bout en bout ce dossier, ce sont les enjeux que cela soulève : des enjeux de société qui questionnent la place et l'identité et donc aussi les valeurs qu'implicitement nous accordons à l'enfant, à la famille, au monde socio-éducatif, à la santé ; à ce qui mérite ou non d'être légitimé, autorisé, encouragé," géré". On comprend dès lors combien les débats peuvent passionner ou exacerber les positions les plus tranchées. On comprend aussi que le discours, s'il ne s'en tient qu'à un débat idéologique, corporatiste ou s'il ne se traduit que par une offre plus éclatée que cohérente, laisse dans le désarroi les premiers concernés ! Si le développement harmonieux de l'enfant fait partie intégrante du concept de santé publique, cette question mérite que l'ensemble des acteurs psycho-médico-sociaux et éducatifs s'en saisisse. C'est l'invitation que nous vous faisons. |