Titre : | Pourquoi la pauvreté ne rime pas avec santé (2008) |
Auteurs : | Olivier Gillis, Auteur ; Raf Mertens, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | MC-Informations (231, Mars 2008) |
Article en page(s) : | p. 4-16 |
Langues: | Français |
Sujets : |
Paramédical (MeSH) Belgique ; Conditions de vie ; Inégalité sociale ; Morbidité ; Mortalité ; Pauvreté ; Santé |
Résumé : |
Les inégalités de santé ne sont pas uniquement (ni principalement) liées à la disponibilité ou à l’accessibilité des services de santé, mais également (et surtout) à d’autres déterminants liés à la position socio-économique d’un individu dans la société. Les indicateurs les plus fréquemment utilisés pour décrire cette position sont le niveau de formation, de revenu, et la catégorie socio-professionnelle. De manière générale, nous observons que, à l’âge de 25 ans, les personnes non diplômées ou diplômées de l’enseignement primaire ont une espérance de vie en moyenne de 3 à 5 ans inférieure aux personnes diplômées de l’enseignement supérieur de type long, et une espérance de vie en bonne santé inférieure en moyenne de 18 à 25 ans. Différents modèles explicatifs existent. Nous développons plus particulièrement le modèle des causes sociales, qui distingue les facteurs structurels des facteurs culturels. Concernant les facteurs structurels, les études vont toutes dans le même sens : les personnes issues des catégories sociales défavorisées ont des conditions de travail (charge, niveau d’autonomie, etc.), de logement (espace, salubrité, etc.) et d’environnement (sécurité, qualité de l’air, etc.) moins bonnes que les catégories davantage favorisées. Elles peuvent moins compter sur leur réseau social en cas de difficultés et ont, de manière générale, moins d’autonomie et de contrôle quant à leur vie sociale et professionnelle. Tous ces éléments sont générateurs de stress et d’anxiété, qui ont un impact négatif sur l’état de santé d’un individu. Quant aux facteurs culturels, on observe que les catégories socio-économiques les moins favorisées ont des pratiques et attitudes moins saines que les catégories plus favorisées. Elles fument davantage et depuis plus longtemps, mangent moins de fruits et légumes, ont davantage de problèmes d’obésité, et ont des pratiques sexuelles moins sûres. Outre l’impact des facteurs matériels et psychosociaux, d’autres facteurs, tels que l’accès à l’information quant aux bonnes pratiques en matière de santé, peuvent être à l’origine de ces différences comportementales. Ces éléments explicatifs nous amènent à la conclusion suivante : si on veut réduire les inégalités en matière de santé, il ne faudra pas seulement se centrer sur l’accessibilité et la disponibilité des services de soins, mais il faudra également veiller à la mise en place de stratégies davantage transversales. Les politiques de l’enseignement, de l’aménagement du territoire, de l’emploi, etc. doivent prendre en compte ces éléments et les intégrer dans leur stratégie afin de réduire les inégalités de santé. Il s’agit d’une approche intégrée et bien ancrée dans la situation locale. La mutualité se doit de s’inscrire de manière volontariste dans ce défi de société. |