Résumé :
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"Les grands corps, survivance d'une société d'ordres, n'échappent pas à une mise en cause de leurs positions. Dans un contexte de fusion des corps et de restructuration des services, leurs territoires professionnels se transforment. Les grands corps voient leur périmètre, comme la nature de leur mission, profondément bouleversés ce qui interroge sur la manière dont ils s'adaptent ou résistent. Leur "licence" (leur expertise professionnelle) comme leur "mandat" (les missions qui leur sont confiées), au sens de Hughes, s'en trouvent affectés. Combinant ainsi les apports de l'analyse des professions, de la sociologie des élites et de l'analyse de l'action publique, cet article vise à dégager la composition d'un grand corps et à mieux cerner ses évolutions. Il met en lumière des indices de recomposition en s'appuyant sur une approche positionnelle et sur l'analyse des trajectoires professionnelles. La recherche porte sur un historique de 35 ans des données du corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, elle repose sur une analyse sociographique. Les résultats mettent en lumière la persistance de l'ancrage du corps dans la fonction publique, une relative désaffection pour les fonctions d'expertise, et une tendance timide des plus jeunes promotions à investir de nouvelles frontières. Les auteurs s'interrogent alors sur une certaine forme de résilience corporatiste." (Chanut, Albizzatti, Rival, Rhazi & Rochette, 2016, p. 88-89)
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