Résumé :
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L’épidémiologie des endocardites fongiques a été profondément modifiée au cours des dernières décennies. Rapportées principalement chez les usagers de drogues par voie intraveineuse ou au décours d’une chirurgie cardiaque dans les années 1965-1995, les endocardites fongiques affectent désormais principalement des patients immunodéprimés,et/ou porteurs d’une voie veineuse centrale, sous antibiothérapie prolongée à large spectre ou nutrition parentérale. Candida sp. est responsable de 50 à 80 % des endocarditesfongiques, C. albicans restant le plus fréquent (30 à 40 % de toutes les endocardites fongiques), tandis que les endocardites à Aspergillus sp. représentent 20 à 30 % des endocardites fongiques. L’intérêt des flacons d’hémocultures spécifiques a disparu du fait de l’ amélioration des performances des systèmes d’hémocultures utilisés en routine. De nouveaux outils diagnostiques sanguins–tels que la détection d’antigène galactomannane (aspergillose invasive), de mannane et d’anticorps antimannane (candidémies), et de β 1-3 D glucane (toute mycose invasive)–pourraient compenser en partie les défauts de sensibilité des hémocultures et diminuer le délai diagnostique. Le développement de nouveaux antifongiques systémiques au cours des 15 dernières années a permis des projets tangibles : 1) les échinocandines, fongicides sur la plupart des levures, semblent avoir amélioré le pronostic des endocardites à Candida sp., y compris sur prothèse valvulaire, même en l’absence de chirurgie ; 2) le voriconazole, fongicide sur Aspergillus sp., a démontré sa supériorité vis-à-vis de l’amphotéricine B dans l’aspergillose invasive, même si le pronostic des endocardites à Aspergillus reste très dépendant des possibilités chirurgicales.
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