Résumé :
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Psychologue et épistémologue, Piaget s'est intéressé au développement de la conscience morale, qu'il a envisagé comme une construction de normes obéissant à des mécanismes d'équilibration. Dire que les normes morales sont construites, c'est se démarquer de la conception aprioriste de la loi morale aussi bien que d'un déterminisme sociologique. Piaget n'abandonne pourtant pas l'universalisme de la démarche transcendantale, puisqu'il interroge les conditions de validité des jugements moraux. Il ne délaisse pas davantage les sciences sociales : il répond au contraire, point par point, à Durkheim, à qui il reproche de ne pas avoir suffisamment distingué, dans la socialisation des individus, le rôle des différents types d'interaction. En croisant les héritages de Pierre Janet et Léon Brunschvicg, ses maîtres parisiens, Piaget élabore dès la fin des années 20 un système d'explication qui l'amène à situer le moment de vérité des formes du jugement dans la vision décentrée du monde et l'accession à la réciprocité des points de vue. Il s'ensuit une nouvelle perspective de fondation rationnelle de la morale en direction d'une éthique procédurale débarrassée des arrière-plans culturels comme des conceptions métaphysiques du bien. Ce livre tente de mettre en évidence la portée philosophique d'une théorie dont " l'éthique de la discussion " de Jürgen Habermas apparaît comme l'un des prolongements les mieux attestés. Une théorie dont la dimension axiologique conforte par ailleurs les convictions personnelles de Piaget en faveur t'es religions de la conscience, de la démocratie, du dialogue international et des méthodes actives en pédagogie. En remontant jusqu'à la période de jeunesse, ce livre suit le cours d'une pensée qui n'a jamais renoncé, malgré les apparences, à un certain idéalisme philosophique.
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