Résumé :
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Cet article vise à présenter de quelle manière la sociologie française contemporaine a théorisé le vieillissement individuel au grand âge (au-delà de 80 ans). En se fondant sur une série d’enquêtes par entretiens auprès de personnes très âgées, cette lecture sociologique pose que le vieillissement est un processus qui, dans nos sociétés, expose les individus à devoir faire face à un ensemble de difficultés. Celles-ci proviennent, pour une part, de transformations physiologiques (problèmes de santé, limitations fonctionnelles, fatigue accrue) et, pour une autre part, des changements dans l’environnement humain et matériel de celles et ceux qui vieillissent : disparition d’une partie de leurs contemporains ; proches qui deviennent surprotecteurs ; monde extérieur moins accueillant car on y est confronté aux manifestations variées de l’âgisme. Ces difficultés multiples sont constitutives de ce qu’on peut appeler l’épreuve du grand âge (le concept d’épreuve étant emprunté au sociologue Danilo Martuccelli). Elles conduisent à des changements progressifs dans le rapport à soi et au monde, changements que l’on peut décliner en quatre registres, chacun ouvrant sur un « enjeu » de l’épreuve du grand âge : le registre des activités du quotidien et l’enjeu de la conservation de prises sur le monde ; le registre de l’identité et l’enjeu de la préservation de sa valeur sociale ; le registre de l’autonomie et l’enjeu de la capacité à décider par soi-même ; le registre du rapport au monde et l’enjeu du maintien d’espaces de familiarité avec lui.
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