Résumé :
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Nous avons cherché à savoir si le dispositif Leonetti-Claeys relatif à la sédation (DLC) relève d’une sédation palliative ou terminale , et comment se sont positionnées les dernières recommandations professionnelles à cet égard. Il s’avère que le DLC ne cherche pas à diminuer, de façon ajustée et proportionnée, la perception de symptômes réfractaires, dans le respect des enjeux relationnels de la fin de vie — ce qui correspondrait à la sédation palliative. Il consiste davantage à maîtriser les modalités du mourir par l’application standardisée d’une procédure de déconnexion psychique et relationnelle, et constitue dès lors un type de sédation terminale. Derrière ce changement de paradigme, on peut craindre une double réduction : celle de la dignité à la maîtrise des conditions du mourir, et celle de la relation de soins à un « droit à ». À l’inverse, les recommandations publiées par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) et la Haute Autorité de santé (HAS) se sont efforcées de replacer le DLC dans une visée palliative. Fait nouveau, elles distinguent maintenant entre sédation proportionnée et sédation disproportionnée. Mais la question est posée de savoir si le registre même des efforts déployés, hautement protocolisés, ne risque pas pourtant de renforcer la logique technicienne du DLC. Par ailleurs, le tableau comparatif de la HAS entre le DLC et l’euthanasie est erroné. Au final, le DLC induit une prise en charge plus intensive que palliative. Tel est le paradoxe d’une réponse technicienne aux enjeux relationnels de la souffrance en fin de vie.
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