Résumé :
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À partir de l’étude quantitative des performances des élèves issus de l’immigration à l’échelle européenne (PISA 2012 notamment), nous montrons que les processus de décrochage sont favorisés par les inégalités sociales en France ; la pratique du français à la maison y contribue dans une moindre mesure. Avec une approche sociodidactique, nous recherchons des « indices d’accrochage » en français dans des entretiens compréhensifs avec dix jeunes élèves plurilingues de primaire, arrivés en France depuis peu. Outre le soutien des adultes, les enfants évoquent un temps nécessaire de passage d’une langue à l’autre, d’un univers à l’autre. Dire le « soi » apparait comme complémentaire du « comprendre l’autre », et permet peu à peu de (re)prendre le pouvoir sur le monde, notamment par l’écrit. Les stratégies les plus efficaces selon eux, peu visibles dans la classe, renvoient à une attitude scolaire conforme et confiante dans l’institution, mais aussi à des lectures personnelles nombreuses et autonomes, à l’appropriation de genres discursifs situés, et ce, indépendamment d’ancrages disciplinaires spécifiques. Dans une logique de prévention des échecs scolaires d’élèves fragilisés par les inégalités sociales, la didactique du français gagne à interroger ces processus d’appropriation en lien avec les didactiques des langues et du plurilinguisme.
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