Résumé :
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Pourquoi, partout dans le monde, les inégalités sociales de santé persistent-elles ? Comment nous accommodons-nous du fait que les humains puissent espérer vivre plus ou moins longtemps en fonction de leur position sociale ou de leur pays d’origine ? Pourquoi sommes-nous habitués à ce que certaines morts nous étonnent moins que d’autres ? Si de nombreux travaux en épidémiologie et en sciences sociales portent sur les mécanismes de constitution des inégalités sociales de santé, peu s’interrogent sur les raisons de cette acceptation tacite. Pour en rendre compte, cet essai propose une thèse polémique : nous ignorons la hiérarchie des vies, ou encore l’inégalité des valeurs que révèlent les inégalités sociales de santé. En se focalisant sur l’objectif de les réduire, l’idée de promotion de la santé, qui inspire les politiques publiques aujourd’hui mises en œuvre, ne prend pas la mesure de l’injustice de ces inégalités et en justifie la persistance. Idéologiquement libérale, elle ne tient pas compte des pressions inégalement destructrices exercées par les milieux de vie sur les corps, les façons d’être et de voir le monde. À l’heure où les crises sanitaires et climatiques fortifient les inégalités sociales de santé et en fournissent des preuves éclatantes, cet essai souhaite contribuer à en faire un sujet de débat politique.
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