Titre : | Les mères âgées de plus de 75 ans ayant un enfant décédé : aspects cognitifs et psychologiques (à propos de 102 cas) (2009) |
Auteurs : | F. Jeanblanc, Auteur ; G. Simon, Auteur ; Gérard Simon |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | La Revue De Gériatrie (5, mai 2009) |
Article en page(s) : | p. 357-366 |
Langues: | Français |
Sujets : |
Paramédical (MeSH) Démence ; Deuil (perte) ; Enfant ; Maladie d'Alzheimer ; Mort ; Stress physiologique ; Sujet âgé |
Résumé : |
Contexte : L’étude de la population des mères ayant un enfant décédé est intéressante, car ce groupe est homogène, en ce sens que toutes ces patientes ont vécu un traumatisme psychologique d’intensité majeure. Objectif et méthode : Etudier la survenue d’une maladie d’Alzheimer, d’un syndrome dépressif et d’un syndrome de reviviscence chez les mères de plus de 75 ans ayant un enfant décédé depuis plus de 5 ans, hospitalisées en service de Gériatrie. Il s’agit d’une étude épidémiologique transversale : nous avons constitué un échantillon de 102 mères (d’âge moyen 84,2 ans +/-5,5), répondant à ces critères. Les études comparatives ont été réalisées à l’intérieur de ce groupe, et avec un groupe témoin de 144 femmes hospitalisées et âgées de plus de 75 ans (d’âge moyen 84,3 ans +/-6,0). Résultats : L’étude a montré que ces mères présentaient une prévalence en maladie d’Alzheimer nettement supérieure si le décès de l’enfant était survenu alors qu’elles étaient âgées de plus de 65 ans. Cette prévalence est de 64% alors qu’elle n’est que de 29,9% dans le groupe témoin (p=0,0002 après ajustement sur l’âge, le niveau socio-éducatif et la dépression), avec OR=3,81 (IC 95% : 1,81-7,68). Par contre, cet événement n’a pas d’incidence cognitive, s’il survient avant l’âge de 65 ans. Le taux de syndromes dépressifs n’augmente pas significativement dans le groupe étudié par rapport au groupe témoin (36,6% versus 34,7%, p=0,75). Enfin, il existe une forte corrélation entre la survenue d’une maladie d’Alzheimer et l’existence d’un syndrome de reviviscence : 83,7% versus 37,5% (p<0,0001) avec OR=8,57 (IC 95% : 3,2 – 22,6). Discussion : Les hypothèses physiopathologiques font intervenir le rôle potentiellement aggravant d’un traumatisme psychique dans l’évolution du processus démentiel : facteur aggravant le phénomène de la mort neuronale (par quel mécanisme ?), ou bien facteur intervenant dans la décompensation fonctionnelle
de la réserve neuronale. Conclusion : Il serait intéressant de confirmer ces résultats avec une étude prospective incluant un échantillon représentatif de la population. Une prise en charge thérapeutique de ces mères doit être envisagée systématiquement et pourra faire l’objet d’évaluation. |