Résumé :
|
"L'objectif de l'article est de décrire de manière rigoureuse, détaillée et circonstanciée, les parcours suivis par certains étudiants pour créer des conditions de partage de connaissances et de techniques méthodologiques (comment lire un ouvrage long et difficile, comment rédiger une fiche de lecture, comment prendre la parole en cours, comment s'approprier le lexique de la discipline, comment identifier des thèmes de recherche "porteurs", etc.) dans une université de masse où l'étudiant ne peut compter que sur son autonomie et sa responsabilité. Sortant de ce paradigme réducteur et individualisant, un certain nombre d'étudiants ont inventé des stratégies pour se mettre en dialogue (en binômes, en réseaux, en groupes virtuels), entrer dans des communautés d'intérêt (par unité d'enseignement, par type d'évaluation, par difficulté rencontrée), travailler en groupe. Les observations régulières menées sur la longue durée dans une bibliothèque universitaire (novembre 2006-mai 2008) montrent que ces stratégies, loin d'être de simples tactiques d'efficacité et de réussite aux examens, répondent à des instances de travail dialogique, cognitif, intellectuel et affectif qui sont traversées par des forces intenses. L'investissement de chacun des étudiants suivis au cours de l'enquête, son implication dans l'acte de rencontre et de partage avec l'autre, indique l'importance de produire et de donner quelque chose venant de soi et non de l'institution. Cette posture exigeante et contraignante change radicalement la perspective dans laquelle chacun d'eux se met au travail jour après jour." (Extrait)
|