Résumé :
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Certains dispositifs actuels de prise en charge de personnes ayant des troubles mentaux promeuvent l'idée que le travail de la terre peut exercer un effet thérapeutique. L'expression de telles attentes envers l'agriculture n'est-elle qu'une simple réinvention contemporaine de formes de contrôle social, ou ouvre-t-elle au contraire une nouvelle perspective de libération ? Telle est la question que se propose d'éclaircir l'article, à partir de cas de la réinsertion, en Californie, d'anciens combattants ayant développé un syndrome de stress post-traumatique. L'article s'intéresse d'abord aux acteurs qui investissent ces dispositifs et promeuvent ces représentations, en montrant que certains y trouvent une niche pour développer une offre thérapeutique centrée sur le soi et désinvestissant le politique. Mais l'observation ethnographique d'une association de réinsertion des vétérans et une série d'entretiens semi-directifs avec ces vétérans nous montrent que, dans l'expérience de ces derniers, la recherche de mieux-être personnel a partie liée avec la reconquête d'un engagement citoyen. L'article tente alors de comprendre les conditions qui permettent à ce collectif d'articuler la recherche d'accomplissement personnel à une prise de parole politique. Il entend ainsi ouvrir des pistes pour comprendre la manière dont l'individu peut être replacé au coeur de la critique sociale. (Extrait de Lien social et politiques, n°67, printemps 2012, p. 46-47)
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